De Bertolt Brecht, d’après la transposition par Hölderlin de l’Antigone de Sophocle
Texte français : Maurice Regnaut
Mise en scène : Jean-Vincent Brisa
Musique : Laure Brisa
Décor : Daniel Martin
Costumes : Blandine Poulat
Lumières : Julien Menut
Maquillages : Catherine Gargat
Avec : Margaux Lavis, Susie Henocque, Nathan Roumenov, Patrick Zimmermann, Gilles Fisseau, Jean-Vincent Brisa
Partenaires
La Région Auvergne-Rhône-Alpes, Le Département de l'Isère, Le Grésivaudan
Ce que je veux avant tout mettre en avant, c’est le texte. Ce magnifique poème qui nous vient de l’Antiquité et qui n’a rien perdu de son actualité.
Parler de la guerre, de la folie meurtrière, de la soif de conquêtes, des mensonges, des injustices et des aberrations commises au nom de la raison d’État, c’est parler de l’homme aussi bien dans son histoire que dans son présent. L’homme n’a de prédateur que lui-même parce qu’il n’a toujours pas résolu les questions que se posait déjà Sophocle : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ? L’homme est mortel et la peur de la mort le rend fou. C’est cette notion de l’homme dans son aspect universel que je veux traiter à travers le cas particulier que je puise dans le texte.
Ce cas particulier, c’est Antigone. Figure de résistance. Mais avant tout femme, fille et sœur.
C’est elle qui incarne la souffrance de toutes ces femmes qui vivent les horreurs de la guerre. Sa résistance n’est pas une résistance politique ou calculée, c’est une résistance spontanée, et elle ne peut pas faire autrement que de l’entreprendre en voyant les exactions que commet Créon. Il soulève ses deux frères l’un contre l’autre, dans une guerre qui ne sert que sa folie, et refusera une sépulture à Polynice parce qu’il n’a pas servi sa cause. Créon est la figure exacerbée du machisme. Brecht ne lui pardonne rien. Et en effet on ne peut rien lui pardonner. Il est la raison d’être du fascisme sur lequel certains traducteurs se sont apitoyés. Ici, aucun cadeau ne lui est fait.
Pour le personnage d’Antigone, je m’inspire beaucoup de la statue en marbre de Jean Hugues, Œdipe à Colone. On voit Antigone à côté de son père aveugle, la tête sur son épaule, et elle dégage une très grande douceur. Elle ne ressemble pas à une guerrière, mais à une fille pleine d’amour et de compassion pour son père. Et c’est bien au nom de l’amour, à mon sens, qu’elle se lèvera contre le tyran Créon. C’est une enfant, simple, qui va détruire les ambitions de pouvoir, de conquête et de folie d’un État militaire et dictatorial. L’amour, arme fatale contre le totalitarisme.
Nous serons dans un pays en guerre comme ceux qui le sont actuellement. Les costumes militaires seront ceux d’aujourd’hui. Cette guerre ressemble à toutes les autres. Nous serons peut-être en Syrie, peut-être en Afghanistan…
Dans un espace dépouillé, je dirigerai les comédiens vers du théâtre pur et sans artifice : le texte et la lumière.
Jean-Vincent Brisa
Sortie de résidence
Théâtre
Durée : 1h40
A partir de 14 ans